1805 – 1898
Johan Georg Ferdinand Müller
George Müller est né en 1805 de parents incroyants. A l’âge de dix ans, il fut envoyé au collège afin de s’y préparer à être pasteur, non dans le but de servir Dieu, mais. uniquement et exclusivement pour avoir une profession et une vie facile. Ces premières années d’étude s’écoulèrent dans la pratique de vices auxquels il s’adonnait toujours davantage, au point de passer une fois vingt-quatre jours en prison. Mais George, une fois libéré, se mit à travailler avec ardeur à ses études, se levant à quatre heures du matin et passant la journée à étudier jusqu’à dix heures du soir. Cependant, il faisait tout cela afin de parvenir à mener la vie de tout repos d’un prédicateur.
Néanmoins, lorsqu’il eut vingt ans, la vie de ce jeune homme subit une transformation complète. Il assista à un culte où les croyants, à genoux, imploraient Dieu d’accorder sa bénédiction à la réunion. Il n’oublia jamais ce culte au cours duquel il avait vu pour la première fois des croyants prier à genoux; il resta profondément ému par cette ambiance spirituelle au point de vouloir lui aussi rechercher la présence de Dieu, une habitude qu’il conserva par la suite sa vie durant.
Ce fut vers cette époque, après avoir reçu l’appel à devenir missionnaire, qu’il logea pendant deux mois au fameux orphelinat de A. H. Franke. Bien que ce fervent serviteur de Dieu soit mort depuis près de cent ans (en 1727), son orphelinat était toujours régi par la même règle qui consistait à se fier entièrement à Dieu pour assurer toute subsistance. A peu près au moment où George Müller se trouvait à l’orphelinat, un dentiste, monsieur Graves, abandonna ses activités professionnelles qui lui procuraient un revenu de 7 500 dollars par an pour devenir missionnaire en Perse, se fiant uniquement dans les promesses de Dieu pour sa subsistance. C’est ainsi que George Müller, le nouveau prédicateur, reçut lors de cette visite l’inspiration qui le conduisit plus tard à fonder son orphelinat sur les mêmes principes.
Aussitôt après avoir abandonné sa vie de péché pour se consacrer à Dieu, Müller reconnut l’erreur, plus ou moins universelle, qui consiste à beaucoup lire au sujet de la Bible, mais à très peu lire celle-ci. Ce livre devint la source de toute son inspiration et le secret de sa merveilleuse croissance spirituelle.
Il écrivit à ce sujet: “Le Seigneur m’a aidé à abandonner les commentaires et à faire de la simple lecture de la Parole de Dieu, l’objet de ma méditation. Et ainsi, lorsque la première nuit, je fermai la porte de ma chambre pour prier et méditer les Écritures, j’appris en quelques heures plus que je ne l’avais fait auparavant en plusieurs mois”. Il ajouta : “La principale différence, cependant, fut que je reçus de cette manière la véritable force nécessaire à mon âme”. Avant de mourir, il dit avoir lu la Bible dans son intégralité environ deux cents fois, dont cent fois à genoux.
Alors qu’il était encore au séminaire, pendant les réunions de prières auxquelles il assistait le soir avec les autres étudiants, il restait souvent à prier jusqu’à minuit. Le matin, au réveil, on les appelait de nouveau à la prière à six heures. Un prédicateur, peu de temps avant la mort de George Müller, lui demanda s’il priait beaucoup. La réponse fut la suivante : “Quelques heures par jour et en outre, je vis dans un esprit de prière ; je prie en marchant, je prie lorsque je suis couché et je prie en me levant. Je reçois sans cesse des réponses. Une fois persuadé qu’une chose est juste, je prie sans arrêt jusqu’à ce que je la reçoive. Je ne cesse jamais de prier ! […] Des milliers d’âmes ont été sauvées en réponse à mes prières […] j’espère en retrouver des dizaines de milliers au ciel […] La chose la plus importante est de ne pas cesser de prier avant d’avoir reçu la réponse. J’ai passé cinquante-deux ans à prier, tous les jours, pour deux hommes, les fils d’un ami d’enfance. Ils ne se sont pas encore convertis ; mais j’espère qu’ils le feront. Comment pourrait-il en être autrement ? Il existe une promesse inébranlable de Dieu et c’est sur elle que je me repose”.
Peu de temps avant son mariage, il ne se sentait pas à l’aise à l’idée de percevoir un salaire fixe, préférant s’en remettre à Dieu plutôt que de se fier aux promesses de ses frères. A ce sujet, il donna les trois raisons suivantes : “Premièrement, un salaire signifie une somme d’argent déterminée, en général acquise par la location des bancs ; mais la volonté de Dieu n’est pas qu’on loue les bancs (Jacques 2:1-6) ; deuxièmement le prix fixe d’une place dans l’église est parfois trop élevé pour certains fils de Dieu et je ne veux pas mettre le plus petit obstacle sur le chemin du progrès spirituel de l’Eglise ; et enfin, l’idée de louer les sièges pour se faire un salaire constitue un piège pour le prédicateur, car elle le pousse à travailler davantage pour l’argent que pour des raisons spirituelles”.
Il semblait pratiquement impossible à George Müller de réunir et de mettre de l’argent de côté pour les urgences imprévues, sans avoir également recours à ce fond pour suppléer aux besoins quotidiens, au lieu de faire appel directement à Dieu. Ainsi le croyant met sa confiance en l’argent au lieu de la mettre en Dieu. Un mois après son mariage, il plaça une boîte dans la salle de réunion et annonça qu’on pouvait y mettre les offrandes pour sa subsistance et qu’à partir de ce moment, il ne demanderait plus rien à personne, pas même à ses frères bien-aimés ; parce que, comme il le dit : “Presque sans m’en rendre compte, j’ai été amené à faire confiance au bras de la chair au lieu de m’adresser directement au Seigneur”.
La première année se termina de façon triomphale et George Müller dit à ses frères qu’en dépit de son peu de foi au début, le Seigneur avait pourvu en abondance à tous ses besoins matériels et, ce qui était bien plus important encore, lui avait accordé le privilège d’être l’instrument de son œuvre. Cependant, l’année suivante fut une année de grandes épreuves, parce que bien souvent il se retrouva sans un sou. George Müller ajoute qu’en ces moments, sa foi fut toujours récompensée par l’arrivée d’argent ou de nourriture. Un jour qu’il ne lui restait que huit shillings, Müller demanda au Seigneur de lui envoyer de l’argent. Il attendit de longues heures sans recevoir de réponse. Puis arriva une dame qui lui demanda : “Frère, avez-vous besoin d’argent ? ” Ce fut une grande preuve de foi de sa part que de répondre à la dame : “Ma sœur, j’ai dit à mes frères, lorsque j’ai renoncé à mon salaire, que je ne parlerais qu’à Dieu seul de mes besoins” ; “Mais c’est lui, répondit la dame, qui m’a dit de vous donner cela” et elle glissa quarante-deux shillings dans la main du prédicateur.
En une autre occasion, Müller resta trois jours sans un sou dans la maison et le diable le tenta fortement, au point d’en venir presque à reconnaître s’être trompé en prenant la doctrine de la foi sous cet aspect. Toutefois, lorsqu’il revint dans sa chambre, il trouva quarante shillings que lui avait laissés une sœur. Il ajouta alors : “Ainsi triompha le Seigneur et notre foi en fut fortifiée”. Avant la fin de cette même année, il se retrouva à nouveau sans un sou, le jour où il devait payer le loyer. Il demanda à Dieu de lui envoyer de l’argent et il le reçut. A cette occasion, George Müller formula pour lui-même la règle suivante, dont il ne s’écarta jamais : “Nous ne devrons rien à personne car nous avons vu que ce n’est pas biblique (Romains 13:8), et ainsi nous n’aurons pas de dettes à payer. Nous achèterons uniquement quand nous aurons l’argent comptant ; ainsi nous saurons toujours exactement combien nous possédons réellement et donc ce que nous pouvons nous permettre de faire”.
De cette manière Dieu entraîna peu à peu le nouveau prédicateur à avoir confiance en ses promesses. Celui-ci était si persuadé de la fidélité des promesses de la Bible, qu’il ne s’écarta jamais, au cours de toutes les longues années de son œuvre à l’orphelinat, de la résolution de ne rien demander au prochain et de ne rien lui devoir.
L’autre secret qui l’amena à jouir de l’immense bénédiction que constitue la confiance en Dieu, fut sa résolution d’employer l’argent qu’il recevait uniquement pour le but auquel il était destiné. Il ne s’écarta jamais de cette règle, même pas pour emprunter, bien qu’il se trouvât des milliers de fois confronté aux plus dures nécessités. A cette époque-là, lorsqu’il commença à se rendre compte que les promesses de Dieu se réalisaient, il se sentit ému par la condition des orphelins et des enfants démunis qu’il rencontrait dans les rues. Il se mit à réunir quelques-uns de ces enfants pour le petit déjeuner avec lui à huit heures du matin, puis il leur enseignait les Ecritures pendant une heure et demie.
Croquis des 5 orphelinats de Bristol.
L’œuvre se développa rapidement. A mesure qu’augmentait le nombre des enfants qui venaient s’asseoir à sa table, l’argent nécessaire pour les nourrir arrivait aussi, jusqu’à ce qu’il s’occupe de trente à quarante enfants. En même temps, George Müller fonda l’Association pour la propagation des Écritures dans le pays et à l’étranger. Son but était d’aider les écoles bibliques et les écoles du dimanche de faire connaître les Écritures et de développer l’œuvre missionnaire. Il n’est pas nécessaire d’ajouter que tout ceci se fit avec la même résolution de ne s’endetter sous aucun prétexte, mais de toujours s’adresser à Dieu en secret.
Un soir qu’il lisait la Bible, il fut profondément impressionné par les paroles : “Ouvre ta bouche, et je la remplirai” (Psaume 81:11). Il se sentit poussé à appliquer ces paroles à l’orphelinat, et la foi lui fut donnée de demander au Seigneur de lui envoyer mille livres sterling ; il demanda aussi au Seigneur de lui envoyer des frères avec les aptitudes nécessaires pour prendre soin des enfants. A partir de cet instant, ce verset du Psaume 81 lui servit de devise, et la promesse se changea en une puissance qui détermina le cours de toute sa vie future. Dieu ne tarda pas à donner son approbation à la location d’une maison pour les orphelins. A peine deux jours après que Müller eut adressé sa première demande au Seigneur, il écrivit dans son journal : “J’ai reçu aujourd’hui le premier shilling pour la maison des orphelins”. Quatre jours plus tard, il reçut la première contribution en meubles : une armoire garde-robe, et une sœur lui offrit ses services pour s’occuper des orphelins. George Müller écrivit ce jour-là qu’il était très heureux et qu’il avait confiance : le Seigneur lui procurerait tout le reste.
Le lendemain, Müller reçut une lettre qui disait : “Par la présente, nous vous offrons nos services pour l’œuvre des orphelins, si vous croyez que nous avons les aptitudes nécessaires pour cela. Nous vous offrons également tous les meubles, etc, que le Seigneur nous a donnés. Nous ferons cela sans attendre de rétribution financière, car nous croyons que si c’est la volonté de Dieu de nous faire servir ainsi, Il se chargera de suppléer à tous nos besoins”. A partir de ce jour, l’orphelinat ne manqua jamais d’auxiliaires joyeux et dévoués, en dépit du fait que l’œuvre se développa beaucoup plus rapidement que Müller n’avait osé l’espérer.
Trois mois plus tard, Müller réussit à louer une grande maison et il annonça la date d’ouverture de l’orphelinat pour les filles. Le jour de l’inauguration, cependant, il fut très déçu de voir qu’il ne s’était présenté aucune orpheline. Ce n’est qu’une fois rentré chez lui qu’il se souvint de ne pas l’avoir demandé. Ce soir-là, il se prosterna et demanda à Dieu ce qu’il désirait si fort. Il obtint la victoire une fois de plus, car une orpheline se présenta le lendemain. Puis, quarante-deux demandèrent leur admission avant la fin de ce même mois et il en avait déjà vingt-six à l’orphelinat.
Au cours de l’année, nous voyons de grandes et nombreuses preuves de sa foi. Par exemple, on lit dans son journal : “Ayant un grand besoin hier matin, je fus amené à prier Dieu avec insistance et, en réponse, dans la soirée, un frère me donna dix livres sterling”. De nombreuses années avant sa mort, il affirma que jusqu’à cette date, il avait déjà reçu ainsi cinq mille fois la réponse, le jour même où il avait adressé la demande. Il avait l’habitude et il recommandait aux autres frères de faire de même, de tenir un carnet. Sur une page, il inscrivait la demande, avec la date et sur la page en face, la date à laquelle il avait reçu la réponse. Ainsi, il fut amené à attendre des réponses concrètes à ses demandes et il n’éprouvait aucun doute à propos de ces réponses.
Avec le développement de l’orphelinat et l’accroissement de sa tâche de pasteur des quatre cents membres de son église, George Müller se trouva trop occupé pour prier. Ce fut alors qu’il reconnut que le croyant pouvait accomplir davantage en quatre heures après avoir passé une heure à prier qu’en cinq heures sans avoir prié. Par la suite, il observa fidèlement cette règle pendant soixante ans.
Lorsqu’il loua la seconde maison pour les orphelins de sexe masculin, il dit : “Tout en priant, je savais que je demandais à Dieu quelque chose que je n’avais aucun espoir de recevoir de mes frères ; chose qui, cependant n’était pas trop grande pour le Seigneur”. En compagnie de quatre-vingt-dix autres personnes assises à table, il pria ainsi : “Seigneur, regarde les besoins de ton serviteur […]” C’était là une prière à laquelle Dieu répondit toujours généreusement.
Avant de mourir, Müller déclara que par la foi, il avait nourri deux mille orphelins et aucun repas n’avait été servi avec plus de trente minutes de retard. Nombreux étaient ceux qui demandaient fréquemment à George Müller – et nombreux sont ceux qui le demandent encore – comment il parvenait à connaître la volonté de Dieu, puisqu’il ne faisait jamais aucune transaction, si petite soit-elle, sans avoir d’abord la certitude que c’était la volonté de Dieu. A cette question, il répondit : “J’essaie de garder mon cœur dans une telle condition qu’il n’avait pas de volonté propre en l’affaire. Sur dix problèmes, nous avons déjà la solution à neuf lorsque notre cœur est prêt à faire la volonté du Seigneur, quelle qu’elle soit. Lorsque nous en arrivons véritablement à ce point, nous sommes presque toujours très près de savoir quelle est sa volonté. Lorsque mon cœur est prêt à faire la volonté du Seigneur, je ne remets pas l’issue au sentiment seul ni à la simple impression. Si j’agissais ainsi, je risquerais de faire de grandes erreurs. Je cherche la volonté de l’Esprit de Dieu au moyen de sa Parole ou en accord avec sa Parole. Il est primordial que l’Esprit et la Parole aillent de pair. Si j’écoutais l’Esprit sans tenir compte de la Parole, je risquerais de faire les mêmes grandes erreurs. Ensuite, j’étudie les circonstances providentielles. Celles-ci, avec la Parole de Dieu et avec son Esprit, indiquent clairement la volonté du Seigneur. Je demande à Dieu par la prière de me révéler sa volonté. Ainsi, après avoir prié Dieu, étudié la Parole et réfléchi à son contenu, je parviens à la meilleure solution possible, étant donné mes compétences et mes connaissances ; si je suis toujours en paix, dans ce cas, après deux ou trois demandes de plus, je continue dans cette direction. Pour les petites choses comme pour les transactions importantes, j’ai toujours trouvé cette méthode très efficace”.
Trois ans avant sa mort, George Müller écrivit : “Dans toute ma vie de croyant, soit pendant soixante-neuf ans, je ne me souviens pas avoir jamais cherché SINCEREMENT ET AVEC PATIENCE à connaître la volonté de Dieu au moyen des enseignements du Saint-Esprit par l’intermédiaire de la Parole de Dieu, et ne pas avoir été guidé avec certitude. Cependant, si mon cœur n’était pas suffisamment sincère et pur devant Dieu, ou si je ne cherchais pas avec patience les instructions de Dieu, ou si j’accordais la préférence au conseil du prochain plutôt qu’à la Parole du Dieu vivant, alors je me trompais gravement”.
Sa confiance dans le “Père des orphelins” était telle que pas une seule fois, il ne refusa des enfants à l’orphelinat. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il avait assumé cette charge, il répondait que ce n’était pas seulement pour nourrir les enfants matériellement et spirituellement, mais que “le premier objectif fondamental de l’orphelinat a été, et est toujours, de glorifier Dieu par le fait que, confiés à mes soins, les orphelins ont été et sont toujours pourvus de tout le nécessaire, uniquement par la prière et la foi, sans que ni moi ni mes compagnons de travail n’ayons rien demandé au prochain ; par là même on peut voir que Dieu est toujours fidèle et qu’il répond à la prière”.
En réponse à ceux, nombreux, qui voulaient savoir comment le croyant pouvait acquérir une telle foi, il donna les règles suivantes : “Lire la Bible et la méditer. On en vient à connaître Dieu que par la prière et la méditation de sa Parole. S’efforcer de garder un cœur intègre et une bonne conscience. Si nous voulons voir croître notre foi, il ne faut pas chercher à éviter ce qui la met à l’épreuve et dont elle peut sortir grandie. En outre, pour que notre foi se renforce, il faut que nous laissions Dieu agir pour nous à l’heure de l’épreuve et non nous efforcer de trouver notre propre libération. Si le croyant désire posséder une grande foi, il doit laisser à Dieu le temps de faire son œuvre”.
Les cinq bâtiments construits en pierre de taille et situés à Ashley Hill à Bristol en Angleterre, avec leurs mille sept cents fenêtres et suffisamment de place pour loger plus de deux mille personnes, sont des témoignages concrets de cette grande foi dont il parlait. Nous devons nous souvenir que, George Müller lutta par la prière pour obtenir chacun de ces dons, un par un, de la main de Dieu ; il priait dans un but précis et avec persévérance et Dieu répondait avec la même constance. C’est George Müller qui a dit : “Maintes et maintes fois, je me suis trouvé dans des situations où je n’avais plus de recours humain. Non seulement je devais nourrir deux mille cent personnes tous les jours, mais je devais également trouver tout le nécessaire pour suppléer à tout le reste et tous les fonds étaient épuisés. Il y avait cent quatre-vingt-neuf missionnaires à entretenir, et il n’y avait rien ; près de cent écoles, comptant environ neuf mille élèves, il n’y avait rien à leur donner ; près de quatre millions de tracts à distribuer et tout l’argent avait été dépensé”,
Pendant un séjour du docteur A. T. Pierson à l’orphelinat de George Müller, un soir, après que tout le monde fut couché, Müller lui demanda de venir prier, car, lui dit-il, il n’y avait rien à manger dans la maison. Le docteur Pierson voulut lui rappeler que les magasins étaient fermés, mais Müller le savait très bien. Après avoir prié, ils allèrent se coucher et s’endormirent et au matin, la nourriture était déjà là en abondance pour les deux mille enfants. Ni le docteur Pierson, ni George Müller ne surent jamais comment ces aliments leur étaient parvenus. On raconta l’histoire le matin à monsieur Simon Short, après qu’il eut promis de ne pas la révéler jusqu’à la mort du bienfaiteur. Le Seigneur avait tiré cette personne de son sommeil et lui avait demandé de donner assez de nourriture pour garnir les garde-manger de l’orphelinat pour tout un mois. Ceci se produisit sans qu’il sache que George Müller et le docteur Pierson étaient au même moment en train de prier à ce sujet.
Jardin d’une des Maisons avec quelques enfants
A l’âge de soixante-neuf ans, George Müller commença ses voyages, au cours desquels il prêcha des milliers de fois, dans quarante-deux pays et à plus de trois millions de personnes. Il reçut de Dieu en réponse à ses prières tout ce dont il eut besoin pour couvrir les frais importants entraînés par ces voyages. Plus tard, il nota : “Je dis avec raison: je crois que je ne suis allé nulle part sans y trouver la preuve évidente que le Seigneur m’y avait envoyé”. Il ne fit pas ces voyages dans le but de demander de l’argent pour l’Association ; ce qu’il reçut n’aurait pas subvenu aux dépenses d’une demi-journée. Selon ses propres paroles, le but était le suivant : “Que je puisse, de par mon expérience et ma connaissance des choses divines, apporter une bénédiction aux croyants […] et que je puisse prêcher l’Évangile à ceux qui ne connaissaient pas le Seigneur”.
George Müller écrivit à propos d’un problème spirituel : “Je ressens constamment mon insuffisance […] Je ne peux rester seul sans tomber dans les griffes de Satan. L’orgueil, l’incrédulité ou encore d’autres péchés m’entraîneront à la ruine. Seul, je ne peux rester ferme un instant. Qu’aucun lecteur ne pense que je ne suis pas sujet à la vantardise et à l’orgueil, que je ne peux cesser de croire en Dieu !”.
L’évangéliste Charles Inglis raconta ce qui suit à propos de George Müller : “Lorsque je suis allé en Amérique pour la première fois, il y a trente et un ans, le capitaine du navire était l’un des plus fervents croyants que j’ai jamais connus. Alors que nous nous approchions de Terre-Neuve, il me dit : Monsieur Inglis, la dernière fois que je suis passé par là, il y a cinq semaines, il s’est passé une chose si extraordinaire qu’elle a changé toute ma vie de croyant. Jusqu’alors j’étais un croyant ordinaire comme il y en a beaucoup. Il y avait à bord avec nous un homme de Dieu, monsieur George Müller, de Bristol. j’avais passé vingt-deux heures sans quitter le pont de commandement un seul instant, lorsque je sursautai parce qu’on m’avait touché l’épaule. C’était monsieur George Müller.
– Capitaine, me dit-il, je suis venu vous dire que je dois être à Québec samedi dans la soirée. Nous étions mercredi.
– C’est impossible, lui répondis-je.
– Très bien, si votre navire ne peut m’y amener, Dieu trouvera un autre moyen de transport. Depuis cinquante-sept ans, je n’ai jamais ni manqué ni été en retard à aucun de mes engagements, répondit monsieur Müller.
– Je serais très heureux de vous aider, mais que puis-je faire ? Il n’y a aucun moyen, lui dis-je.
– Entrons ici pour prier, me répondit monsieur Müller.
Je regardai cet homme et je me dis en moi-même : “De quelle maison de fous s’est-il échappé ?”. Je n’avais jamais entendu parler d’une chose pareille. Je lui dis alors ; “Monsieur Müller, savez-vous quelle est l’épaisseur de ce brouillard ?”. Il me répondit : “Non, mes yeux ne voient pas le brouillard, ils voient le Dieu vivant qui dirige tous les événements de ma vie”. Il tomba à genoux et se mit à prier de la façon la plus simple. Je pensais : cela ressemble à la prière d’un enfant de huit ou neuf ans. Il dit à peu près ceci : “0 Seigneur, si telle est ta volonté, fais disparaître ce brouillard en cinq minutes. Tu sais que j’ai promis d’être à Québec samedi. Je crois que c’est ta volonté”. Lorsqu’il eut fini, je voulus prier moi aussi, mais il me mit la main sur l’épaule et me demanda ne pas le faire, précisant : “Premièrement, vous ne croyez pas que Dieu le fera et, deuxièmement, je crois que Dieu l’a déjà fait. Il n’est donc pas nécessaire que vous priiez dans ce même but”. J’ai dévisagé monsieur Müller qui poursuivit : “Capitaine, je connais mon Seigneur depuis cinquante-sept ans, et il n’y a pas de jour où je n’ai eu audience auprès du Roi. Levez-vous, capitaine, ouvrez la porte et constatez que le brouillard a déjà disparu. Je me levai et en effet le brouillard avait disparu. Le samedi soir, George Müller était à Québec, comme il le désirait”.
Poux l’aider à porter la lourde charge des orphelins et à se prévaloir des promesses de Dieu au moyen de la prière, George Müller eut toujours à ses côtés sa fidèle épouse qui l’accompagna pendant près de quarante ans. Lorsqu’elle mourut, des milliers de personnes assistèrent à ses obsèques, parmi lesquelles on comptait près de mille deux cents orphelins en âge de marcher. George Müller, aidé par la force du Seigneur, comme il le confessa, conduisit le culte funèbre à l’église et au cimetière.
A l’âge de soixante-six ans, il se remaria. Puis, à quatre-vingt-dix ans, c’est lui qui prêcha le sermon funèbre pour sa seconde épouse, comme il l’avait fait à la mort de la première. Une personne qui assistait à ces obsèques, déclara : “J’eus le privilège, vendredi, d’assister aux obsèques de madame Müller […] et d’assister à un culte simple qui est peut-être unique dans l’histoire du monde ! Un vénérable patriarche présidait le culte à l’âge de quatre-vingt-dix ans, il restait encore empli de cette foi immense qui lui avait permis de tant obtenir et qui l’avait soutenu dans les circonstances difficiles, les difficultés et les travaux pendant une longue vie […] “.
En 1898, à l’âge de quatre-vingt-treize ans, le dernier soir avant d’aller retrouver le Christ, sans avoir montré aucun signe de diminution de ses forces physiques, il se coucha comme de coutume.
Le lendemain matin, il fut “appelé”, selon l’expression d’un ami lorsqu’il apprit la nouvelle de son départ : “Cher vieux Müller ! Il disparut de notre monde pour aller au foyer céleste, lorsque le Maître lui ouvrit la porte et l’appela tendrement en lui disant : viens !”.
Les journaux publièrent l’avis suivant, cinquante ans après sa mort : “L’orphelinat de George Müller, à Bristol, demeure l’une des merveilles du monde. Depuis sa fondation en 1836, le chiffre des contributions que Dieu lui a accordées uniquement en réponse aux prières, atteint plus de vingt millions de dollars et le nombre des orphelins recueillis s’élève à 19935. Bien que les vitres de près de quatre cents fenêtres aient été récemment brisées par les bombes (au cours de la Seconde Guerre mondiale), aucun enfant, aucun membre du personnel n’a été blessé”.
Orlando Boyer – Retranscris à partir du site – http://sentinellenehemie.free.fr