Dernièrement un pompier a sonné chez moi. Pas d’inquiétude : il venait juste vendre un calendrier dont les bénéfices iraient à l’Amicale des sapeurs -pompiers de ma commune. Rien de plus banal en cette période de l’année, un simple héritage des étrennes païennes instaurées par les Romains dans l’Antiquité.
Mon obole faite, ou plutôt mon achat, j’ai beaucoup réfléchi à la situation. Un inconnu, fût-il pompier, s’était présenté chez moi confiant sur le fait que j’allais acheter un objet complètement inutile (nous avons tous des calendriers sur nos téléphones). Il m’a semblé que son assurance venait de deux choses : le fait que les services qu’il rend sont indispensables mais aussi cette période particulière qu’est la fin de l’année.
Il semble qu’à la fin de l’année beaucoup de choses soient soudainement possibles. Ainsi certains ont une nouvelle audace et espèrent qu’à minuit le 31 décembre, une page va définitivement se tourner. Ils espèrent aussi qu’une minute plus tard, le 1er janvier, ils seront capables de tout ce qu’ils ont été incapables jusqu’alors…
Malheureusement pour beaucoup le 1er janvier ressemblera au 365 jours précédents, la « gueule de bois », la crise de foie[1] et les factures consécutives de la fête en plus… Pourtant nous avons tous dans nos cœurs, petits et grands, croyants comme incroyants, cette aspiration à voir les choses changer, j’oserais dire, « magiquement ».
Dans l’Ancien Testament, Dieu avait institué une période particulière tous les sept ans : une année de relâche. Tous les sept ans les choses changeaient vraiment : les terres cultivées pouvaient se reposer, les dettes étaient remises et les juifs rendus esclaves pour dettes étaient libérés. Tous les sept fois sept ans, avait lieu le Jubilé[2]. Cette fois en plus du reste, il fallait faire retentir la trompette, sanctifier l’année (la mettre à part) et restituer les terres vendues à leur propriétaire d’origine. Alors les compteurs étaient vraiment « remis à zéro ».
Gratuitement ?
Pas tout à fait… La pause tous les sept ans était faite « en l’honneur du Seigneur »[3]. Quant au Jubilé, il était proclamé le jour des expiations, au son du shofar[4] qui rappelle le bélier que l’Eternel a offert à Abraham. Car il faut quelque chose de bien plus grand qu’un simple changement de date pour annuler des dettes, libérer des captifs et donner du repos… Pour réhabiliter les propriétaires, pour redonner à tous un honneur et permettre un nouveau départ, il faut bien plus, il faut une réparation.
Nous qui croyons, nous pouvons effectivement espérer prendre un nouveau départ le 1er janvier prochain. Pas parce que nous changeons de date et que nos dettes, erreurs et manquements auraient été magiquement effacés, mais parce que quelqu’un a payé la note à notre place, parce que l’agneau de Dieu a été sacrifié.
C’est couvert du sang de Jésus que nous ferons cette traversée vers la nouvelle année. C’est en son nom que nous proclamerons le meilleur pour nous et les autres. C’est par sa miséricorde que nous pouvons espérer. C’est par sa grâce que nous continuerons à avancer.
Emmanuelle K.
[1] Maladie spécifiquement franco-française, le reste du monde – corps médical compris- parle d’indigestion.
[2] Lévitique 25 : 9, 10.
[3] Deutéronome 15 : 1, 2
[4] Le mot « jubilé » vient de l’hébreu « yobel » qui signifie « bélier ».