Depuis le 22 août dernier, si vous êtes une femme afghane, vous n’avez plus le droit de chanter, de déclamer de la poésie ou de lire à voix haute en public, mais aussi, tout simplement, de parler en public. Vous aviez déjà perdu le droit d’étudier au-delà du primaire, d’aller dans les parcs, les salles de sport, les salons de beauté, ou encore de sortir de chez vous sans chaperon.
Depuis le 23 décembre, si votre maison a des fenêtres qui donnent sur l’espace public, il faut les faire murer. Si vous êtes une femme afghane, depuis le retour des Talibans au pouvoir, il vous faut vivre recluse et devenir invisible.
Que vous reproche-t-on ? De déclencher la concupiscence, d’éveiller le désir, d’être à l’origine d’actes obscènes[1]. Toutes ces mesures plus injustes les unes que les autres ont été prises au nom de la « morale » par un gouvernement qui assure que la loi islamique « garantit » les droits des Afghans et des Afghanes…
Même si les hommes ne sont pas épargnés (le port de la barbe est obligatoire et celui des vêtements amples quand ils font du sport[2]), les femmes sont l’objet principal des mesures prises par les Talibans que leur pratique religieuse ne semble pas rendre plus aptes à résister à la tentation.
Une vieille histoire en somme : l’homme désire la femme et, plutôt que d’apprendre à détourner le regard et à faire un pacte avec ses yeux comme le fit Job, il préfère la cacher sous des masses de tissus et limiter sa liberté.
Ces atteintes aux droits les plus élémentaires des femmes m’horrifient, les réactions, plus que mesurées, des organisations internationales m’exaspèrent, quant à ma propre impuissance elle, elle m’attriste. Nous pourrions être ces femmes privées de tout, même de leur voix dans l’espace public.
En fait c’est comme si, sur la planète, des zones de non-droit absolu existaient où le Malin peut expérimenter les stratégies qu’il construit. Jour après jour le nombre de pays basculant dans des régimes politiques injustes augmente et certaines démocraties occidentales n’ont plus de démocratiques que le nom. La chute du mur de Berlin, la fin de l’apartheid en Afrique du sud avaient généré un grand espoir dans ma génération. Quelle déception !
Quant aux Talibans, ils ont ajouté un codicille à leur contrat : il est interdit aux Afghans d’être amis avec des non-musulmans et de leur porter assistance…
Comment dit-on déjà ? LEVONS NOS TETES !
Emmanuelle K.
[1] [En effet, « le fait de voir des femmes travaillant dans des cuisines, dans des cours ou collectant de l’eau dans des puits peut engendrer des actes obscènes », a assuré le régime dans un communiqué.] Le monde, 30/12/2024, https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/12/30/en-afghanistan-une-guerre-acharnee-contre-les-femmes_6473844_3232.html
[2] https://www.20minutes.fr/monde/afghanistan/4115743-20241015-afghanistan-voix-femmes-sodomie-contient-loi-talibans-promouvoir-vertu-prevenir-vice
