Nos cinq sens nous permettent d’accéder à ce qui nous entoure, ce sont de très utiles capteurs capables d’engendrer une source inépuisable de plaisir (je parle évidemment ici du chocolat !) mais qui nous préviennent aussi du danger.
Ainsi une mauvaise odeur comme un mauvais goût pourra nous avertir du fait qu’un aliment n’est pas consommable (sauf si vous avez l’habitude de savourer votre fromage « bien fait [1]» ou si vous cuisinez avec du soumbala[2] burkinabé). Le toucher nous préviendra d’une chaleur élevée susceptible d’entrainer une brûlure. Quant à notre ouïe, elle nous conduira normalement à éviter les endroits trop bruyants (sauf si vous êtes jeune et amateur d’un certain type de musique). Il en est de même pour la vue : selon la scène à laquelle nous sommes confrontés, elle nous entraînera à agir ou fuir, le cas échéant.
J’affirme cela et pourtant, j’avoue que je n’en suis pas si sûre. Fuyons-nous, vraiment, systématiquement, les mauvaises images auxquelles nous sommes confrontés ? Nous recracherions un morceau de viande avariée, nous ne prendrions pas à pleine main un tison brûlant, nous n’utiliserions pas sans protection un outil bruyant, nous ne resterions pas à côté d’un cadavre en décomposition fut-il celui de la plus petite des souris…
Pourtant nous acceptons très facilement que nos yeux se posent sur une scène que nous ne devrions pas voir… Parfois même notre curiosité malsaine nous conduira à vouloir approfondir ce que nous avons entrevu.
L’essor de la photographie, du cinéma, puis d’internet a conduit l’être humain à créer et à diffuser sans cesse plus d’images, de représentation du monde, des autres, de soi ; pour le meilleur et très rapidement pour le pire : les réseaux sociaux en sont la preuve.
Dans un reportage, RFI expliquait en 2023[3] que chez les jeunes la mention« contenu sensible » devient incitative: Des mineurs trop exposés aux images de violences, donc. Et la mise en garde de certaines applications ne semble pas y changer grand-chose. Sacha reconnaît que « quand on voit la petite bannière “contenu sensible”, ça pousse à cliquer. On aime regarder ça. » Son ami Gaston, quant à lui, n’en pense pas moins : « Surtout quand on est petit, quand on est jeune. On sait que les parents nous disent : “Ne regardez pas ça, ne regardez pas ça !” C’est cette interdiction qui nous pousse à vouloir voir ce qu’on ne devrait pas voir. »
Que faire donc ?
Déjà donner le bon exemple en évitant nous-mêmes de regarder ce que nos yeux ne devraient pas voir ; car ce que nous voyons s’inscrit très vite dans notre mémoire et agit sur nos pensées. « En tout cas, frères et sœurs, voici ce qui doit vous intéresser : tout ce qui est vrai et mérite d’être respecté, tout ce qui est juste et pur, tout ce qu’on peut aimer et approuver, tout ce qui est très bon et ce qui mérite des félicitations. » Philippiens 4 : 8
Et rappeler, nous rappeler, ce qu’a déclaré Job en son temps « J’avais fait un pacte avec mes yeux. » Job 31 : 1a
Oui, faisons un pacte avec nos yeux et encourageons nos enfants à faire de même !
[1] Expression française qui justifie le fait de consommer un fromage dont l’odeur ferait fuir une armée et qui comporte parfois même des habitants bien vivants.
[2] Que mes frères et sœurs burkinabés me pardonnent : le soumbala a une odeur terrible mais un goût bien délicieux.
[3] https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-france/20231114-les-jeunes-face-%C3%A0-la-violence-des-images-sur-les-r%C3%A9seaux-sociaux