Le supermarché le plus proche de mon domicile est un très grand supermarché. Il paraît que, pour l’enseigne (que je ne vais pas citer) c’est l’un des plus grands de France, voire le plus grand… Après tout on peut trouver à s’enorgueillir de beaucoup de choses, comme du fait d’avoir à côté de chez soi le plus grand magasin X de France.
Imaginez, qu’en ce moment dans ce très grand supermarché, on vit une drôle d’expérience spatio-temporelle. En effet dans les rayons, c’est encore un peu la rentrée des classes ; puisqu’en France, elle a lieu en septembre et que nous ne sommes encore qu’en Octobre. Mais dans les rayons c’est aussi Halloween, puisqu’il faut vendre le plus de bonbons, de déguisements et d’objets divers possible, tous plus horribles (et ridicules) les uns que les autres. Et parce que l’économie ne craint pas les fêtes religieuses, c’est aussi la Toussaint.
Mais depuis cette semaine, c’est aussi Noël ! Je vous assure : des jouets de Noël ont envahi l’entrée ! D’ailleurs la direction du supermarché était très fière de nous envoyer une petite notification nous annonçant qu’ils « venaient d’être mis en rayon ».
Vous me demanderez peut-être en quoi est-ce si grave… Déjà le cumul de ces quatre ambiances, très différentes et qui n’appellent pas aux mêmes choses crée une ambiance vraiment étrange dans le lieu. En effet, la rentrée des classes appelle au travail, à organiser son temps, à envisager son avenir quand la Toussaint conduit à penser aux défunts et pare les rayons de fleurs toutes mortuaires. Quant à Halloween, qui prétend mettre la mort à distance, elle en assure la promotion et en profite pour ramener au goût du jour sa signification païenne. Au milieu de tout cela, on nous annonce maintenant qu’il va falloir fêter Noël ; ou, du moins, se préparer à le financer.
C’est étrange cette faculté que nous avons, nous les humains, à jouer avec le temps. Depuis une dizaine d’années, je trouve que la politique commerciale met en place une sorte de rétrécissement temporel. En anticipant les saisons les unes après les autres, elle ne nous permet pas de les vivre vraiment. Tout est accéléré, et la saison du Blanc[1] va balayer celle de Noël très rapidement. Les premiers flocons de neige auront à peine commencé à tomber qu’on nous parlera déjà du printemps.
Pourtant ce n’est pas ce que le Seigneur avait prévu pour l’homme. Si l’on considère les fêtes juives décrites dans l’Ancien Testament, on voit qu’elles marquent des pauses et rythment la vie, doucement… Je crois que Dieu nous invite à vivre chaque jour notre vie pleinement, et à prendre le temps de la vivre (et là c’est surtout à moi que je parle) sans imiter ces supermarchés qui nous projettent en avant. Evidemment cette politique commerciale ne vise qu’une chose : faire des bénéfices et pousser les gens à consommer. Malheureusement cela crée une pression supplémentaire sur les familles qui ont déjà eu du mal à assumer les frais de la rentrée et qui vont devoir maintenant imaginer comment financer ce fameux « Noël ».
Je crois que le Seigneur avait prévu pour nous autre chose, une manière plus douce d’envisager la vie et le temps dans lequel Il nous a placés. Alors nous pouvons Lui demander la sagesse de revivre les saisons, les occasions, les fêtes et de profiter de cette vie dont Il nous a fait don.
Emmanuelle K.
[1] Invention commerciale du XIXe siècle qui vise à promouvoir le renouvellement du linge de maison au printemps.