Savez-vous comment j’ai fait des progrès en cuisine ? Allez, je vous révèle mon secret…
J’ai développé mes compétences culinaires grâce (ou à cause) des agapes. Les agapes appelées parfois repas partagés ou encore « apéri-cultes » (l’expression n’est pas de moi).
Pourquoi est-ce que cela m’a conduite à faire des progrès en cuisine ? D’abord parce que j’avais envie de faire plaisir à mes sœurs et frères en leur proposant des plats qui leur plairaient. Mais aussi, je vais être honnête, pour ne pas être trop ridicule face aux vraies cuisinières qui offraient des mets dignes d’un traiteur et des gâteaux tellement beaux qu’ils auraient mérité d’être dans la vitrine d’un très grand pâtissier. La peur du ridicule… Et oui, parce que les agapes, cela amène une certaine émulation voire même, osons-le dire, une certaine concurrence.
J’ai aussi fait des progrès parce que je ne voulais pas être celle dont le plat resterait à la fin du repas. Je pense que vous voyez très bien ce dont je veux parler : dans les agapes, il y a toujours trop à manger. Même si chacun s’efforce d’être raisonnable, tous les délices cumulés font qu’il y a des restes.
Et malheureusement dans les restes, on ne trouve jamais une part du plus beau gâteau, du plus goûteux des rosbeef ou de la meilleure des terrines de légumes… Dans les restes, il y a les plats des frères et sœurs qui ne sont pas vraiment doués en cuisine, ou qui n’ont les mêmes goûts que les autres ou encore tout simplement, qui n’ont pas les moyens de cuisiner un plat qui remporterait tous les suffrages…
Quand je pense à cela, parfois cela va jusqu’à m’attrister. Parce que j’ai le souvenir de certains « règlements de compte » en cuisine : vous savez la quiche de la sœur qui sera mal découpée au point où on ne pourra pas la servir, le plat joliment présenté qui par « efficacité » sera déconstruit car il faut faire vite. (Pourquoi ?)
Je me souviens aussi du regard désemparé d’un frère et d’une sœur qui, à la fin du repas, se rendaient non seulement compte que leur plat n’avait pas été consommé mais, pire, que personne n’avait voulu en prendre une portion à emporter… Ce regard-là m’interpelle toujours et me fait mal.
Comment est-il possible qu’alors que nous nous réunissons entre frères et sœurs, pour célébrer notre communion et notre Seigneur, nous puissions nous attrister ainsi les uns les autres ? Au minimum nous pourrions avoir un peu d’éducation et veiller à ce que chaque plat reçoive l’accueil qu’il mérite. Et puis nous pourrions même aller jusqu’à montrer un peu d’amour en consommant ce plat, même si nous ne l’aimons pas…
CQFD.
Emmanuelle K.