Matthieu 18.6 – Celui qui détourne de Dieu un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attache au cou une très grosse pierre et qu’on le noie au fond de la mer (Nouvelle Français Courant).
Le mot « scandaliser », utilisé dans la version Segond est la traduction du grec « scandalizo ». Il a plusieurs significations : mettre un obstacle sur le chemin, faire tomber, offenser, contrarier, créer le mécontentement… Dans le physique Jésus parlait des petits enfants mais si nous le transposons dans le spirituel, nous pouvons y voir les nouveaux convertis qui sont encore au stade de l’enfance sur le chemin de la maturité.
Le dogme évangélique de deux sacrements, le baptême et la Sainte Cène, fait partie de la tradition. La Parole de Dieu n’enseigne pas qu’il y a deux sacrements, encore moins sept. J’avoue qu’aborder ces « actes » chrétiens avec respect est une bonne chose, ce respect devrait d’ailleurs être manifesté envers tout ce qui concerne notre consécration, mais je pense aussi que trop sacraliser une chose finit par devenir de l’idolâtrie. Il y a tant de pratiques évangéliques qui sont devenues des autels à d’autres Dieu et qui ont surpassé l’action du Saint-Esprit que finalement le Seigneur Jésus pourrait nous faire le même reproche qu’Il a fait aux pharisiens : « Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition » (Matthieu 15.6).
Nous avons parlé précédemment de la nécessité pour les nouveaux convertis de se faire baptiser rapidement. Dans beaucoup de communautés, l’accès à la Sainte Cène ou repas du Seigneur est fermé à ceux qui ne sont pas baptisés. Je n’y vois pas une mauvaise chose parce que le baptême est signe d’un engagement mais comme la préparation au baptême prend souvent du temps, l’accès du nouveau converti à la vie et au signe de la nouvelle alliance lui est « barré ».
Le repas du Seigneur est une commémoration mais aussi une annonce prophétique. En agissant ainsi, nous « prophétisons » en quelque sorte que des membres de l’Église ne font pas partie de l’alliance. Nous lisons dans Actes 2.47 : « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés ». Le fait d’être intégrés à l’Église était une conséquence du salut, pas du baptême. Nous pouvons raisonnablement supposer que dès qu’ils étaient sauvés, ils étaient baptisés mais leur « ajout » à l’Église était le résultat du salut de Dieu. D’ailleurs le Seigneur Jésus Lui-même a associé le baptême comme finalité du salut (Marc 16.16). C’est en ce sens que nous scandalisons, nous frustrons des frères et sœurs qui font partie de l’alliance, du peuple élu, de la race royale parce que nous leur fermons la porte de la vie. Souvent, la nécessité de faire « poirauter », excusez-moi du terme, les gens « touchés » trouvent sa cause dans une mauvaise annonce de l’Évangile, basée trop sur l’amour et non sur la repentance. La conviction de péché du Saint-Esprit accompagnera un message qui touche la conscience plutôt que les sentiments. Prenons exemple sur Jésus, Pierre à la Pentecôte, Paul… (Actes 17.30).
Jean 6.53 nous dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes ». Le repas du Seigneur est non seulement une annonce prophétique, mais il recèle une manifestation de la vie de Christ. Il l’a dit Lui-même : « Je suis la Vie » (Jean 14.8). Sans tomber dans la transsubstantiation, accéder au repas du Seigneur c’est être rempli de Sa vie, de l’action purificatrice de Son sang et de cette espérance de Son retour. Voulons-nous priver un sauvé de cela ?
Dans l’Église du premier siècle, le repas du Seigneur était inclus dans un repas global appelé : agapé. Bien sûr, ce mot tire son origine de agapao, qui est l’amour selon Dieu dont nous trouvons une belle définition dans 1 Corinthiens 13. Dieu est agape (1 Jean 4.8). C’était la plus belle manifestation de l’amour chrétien car lors de ces agapes, il y avait un partage équitable. Les démunis n’étaient pas lésés et les mieux nantis partageaient avec joie leurs biens. Tout cela était l’atmosphère qui entourait le moment béni du repas du Seigneur. De cette manière, tous discernaient l’Église car l’amour fraternel se manifestait.
Beaucoup de « précautions » sont prises par un manque de compréhension de ce passage : « C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur » (1 Corinthiens 11.27). Evidemment, nous ne souhaitons pas que ceux qui participent au repas du Seigneur prennent un jugement contre eux-mêmes. Mais il faut lire la suite : « car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même (verset 29). Ne pas discerner le corps est à mettre en relation directe avec ce que Paul en dit dans 1 Corinthiens 12 : le corps du Seigneur c’est l’Église. Prendre le repas du Seigneur indignement n’est pas une question de faiblesse, de manquements ou même de péchés car le sang de Jésus nous apporte une purification constante de ceux-ci et se priver de ce repas, c’est se priver de la solution. Le jugement atteint celui qui ne discerne pas l’Église et qui la méprise.
En conclusion, je pense qu’il est impératif de revoir nos fonctionnements. Cela ne coûte rien à personne de prendre le temps d’être à l’écoute du Saint-Esprit pour voir ce qu’Il va nous communiquer. En bon berger, c’est dans notre mandat de prendre soin de tous, et des plus petits en particulier.
Bonne réflexion.
Pasteur Claudy – Centre Apostolique EZ37M – Copyright 14 avril 2023 © Tous droits réservés