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PIERRE VALDO, JOHN WYCLIF, JEAN HUS

1140 – 1217

1328 – 1384

1369 – 1415

Les Pré-Réformateurs

Pierre Valdo

Pierre Valdo est né en 1140. C’était un riche marchant lyonnais.

A la suite d’une crise de conscience, il décide de vendre ses biens et de consacrer sa vie à la prédication de l’Évangile à ses concitoyens. Il fait traduire le Nouveau Testament dans la langue d’usage, le Provençal, afin qu’il soit compris par le peuple. Ses idées se propagent à travers toute l’Europe. Valdo et ses disciples « les Pauvres de Lyon », qui deviendront les Vaudois sont condamnés par l’Église comme dissidents surtout parce que la prédication est assurée par des laïcs y compris des femmes. Ils sont excommuniés par le pape Lucius III en 1184.

Les vaudois se séparent de l’Église catholique sur les points suivants : le radicalisme évangélique, centré sur le « sermon sur la montagne » qui les amène à refuser le serment civil ; la contestation de l’institution romaine : ils sont contre la papauté, contre le pouvoir et la richesse de l’Église ; le rejet du purgatoire et des indulgences ainsi que du culte des saints ; la prédication itinérante : la prédication est effectuée par des laïcs appelés « barbes » (oncle en piémontais, c’est-à-dire ancien).

Les barbes sont célibataires. Ils pratiquent des métiers nécessitant des déplacements fréquents. À cause des persécutions, la prédication a lieu dans des maisons et non sur la place publique. Les vaudois participent cependant à la messe et aux sacrements de l’Église catholique.

Tout d’abord protégés par Guichard de Pontigny, archevêque de Lyon sensible aux thèses réformatrices du mouvement, ils furent chassés de la ville par son successeur Jean Belles-mains, élu par un chapitre cathédral hostile. Persécutés, Vaudès et ses disciples s’installèrent dans les hautes vallées du Piémont, puis, en France, dans le Luberon : l’Église vaudoise est née. Excommuniés par le Concile de Vérone en 1184, sa doctrine fut condamnée par le Concile de Latran en 1215.

Lacordaire, dominicain du xixe siècle résume ainsi les motifs invoqués par l’église catholique pour ces condamnations : “Il crut impossible de sauver l’Église par l’Église. Il déclara que la véritable épouse de Jésus-Christ avait défailli sous Constantin, en acceptant le poison des possessions temporelles ; que l’Église romaine était la grande prostituée décrite dans l’Apocalypse, la mère et la maîtresse de toutes les erreurs ; que les prélats étaient des Scribes, et les religieux des Pharisiens ; que le pontife romain et tous les évêques étaient des homicides ; que le clergé ne devait avoir ni dîme ni terres ; que c’était un péché de doter les églises et les couvents, et que tous les clercs devaient gagner leur vie du travail de leurs mains, à l’exemple des apôtres ; enfin que lui, Valdo, venait rétablir sur ses fondements primitifs la vraie société des enfants de Dieu”.

Le mouvement vaudois (c’est le nom qui lui sera donné par ses adversaires) réussit à se répandre durant tout le Moyen-Âge, malgré les persécutions. Au XIIIe siècle, son centre est la Lombardie, autour de Milan. Il s’étend ensuite vers l’Autriche et le sud de l’Allemagne où les contacts furent intenses avec les disciples de Jan Hus. Des communautés importantes se forment aussi dans les vallées du Piémont. Leurs prédicateurs, (oncles, expression qui les distancie des « pères » catholiques), parcourent les chemins de l’Europe pour visiter périodiquement les petits groupes de croyants clandestins.

Pierre Valdo décède en 1217.

John Wyclif

Né dans une famille de petite noblesse du Yorkshire en 1328, John Wyclif fait de brillantes études à Oxford, scientifiques d’abord puis théologiques et il devient docteur en 1372. Il est professeur à Oxford puis entre au service du roi d’Angleterre.

À partir de 1374, il publie par fascicules une véritable somme théologique dans laquelle il expose sa doctrine : La hiérarchie ecclésiastique : la véritable Église est l’Église invisible des chrétiens en état de grâce. S’ils sont en état de péché mortel, les membres de la hiérarchie, et le pape lui-même, en sont exclus. Wyclif préconise même le tirage au sort de la dignité pontificale. Dieu exerce directement, sans l’intermédiaire du pape, son droit sur les biens terrestres ; les rois n’ont de comptes à rendre qu’à Dieu seul ; la Bible est l’autorité suprême ; les indulgences : un péché ne peut être pardonné sans qu’il y ait expiation et c’est Dieu seul qui pardonne ; en revanche, Wyclif maintient le dogme de la présence réelle du Christ dans la communion.

On reproche à Wyclif de semer le désordre social. Sa doctrine est condamnée en 1382 par trois synodes tenus à Londres par les dominicains, mais lui-même n’est pas excommunié.

Ses idées se répandent partout grâce aux Lollards

Wyclif envoie de sa propre autorité ses disciples prêcher dans le royaume d’Angleterre ; ils sont appelés « Lollards ». Ceux-ci sont largement écoutés. Leurs prédications contribuent, dans le Sussex et le Kent, à une révolte des paysans qui, massacrant nobles et clercs, envahissent Londres en 1381. Cette révolte est durement réprimée.

Leurs « Douze Conclusions » (1395) condamnent l’Église établie, les sacrements, les prières pour les morts, la confession. Les Lollards veulent la pratique d’une foi simple et « évangélique » : tout homme doit avoir le libre accès aux Écritures dans sa propre langue. On doit aux Lollards deux traductions de la Bible en anglais. En 1401 un décret anglais condamne les hérétiques lollards au bûcher.

Les idées de Wyclif ont un rayonnement considérable en Angleterre et hors d’Angleterre, particulièrement à Prague et dans toute l’Europe centrale, où elles inspirent Jan Hus. Longtemps après sa mort survenue en 1384, le concile de Constance en 1415 le condamne comme hérétique. En 1428, ses ossements sont déterrés, brûlés et jetés dans la rivière Swift. Le mouvement lollard annonce certaines idées de la Réforme et dispose favorablement l’opinion à accueillir la séparation de l’Église d’Angleterre d’avec Rome, décidée par Henri VIII en 1534.

Jean Hus

Le royaume de Bohême est établi au XIIIe siècle. Il comprend la Bohême et la Moravie et fait partie du Saint Empire Romain Germanique. Il connaît son apogée sous le règne de Charles IV (1345-1378) , lequel est élu empereur du Saint Empire.

Si le fils de Charles IV, Venceslas IV (1378-1419), est également élu empereur, son règne est troublé par plusieurs révoltes et une crise politique puisqu’il est démis de son titre d’empereur par les Princes Électeurs en 1400. Le royaume est ébranlé également par une succession d’épidémies. La peste noire de 1380, la « grande pestilence » que racontent les chroniques, anéantit près de 10% de la population. Le désarroi ainsi créé donne l’impression que la fin du monde est proche.

Pendant ce temps, les possessions du clergé (églises et couvents) se sont multipliées ; elles couvrent près de la moitié du territoire, suscitant la méfiance de la noblesse et l’indignation du peuple. Toutefois le pouvoir de l’Église catholique est affaibli par le « schisme d’occident » et les rivalités de trois papes, l’un à Rome, l’autre en Avignon et le troisième nommé au Concile de Pise. C’est dans ce contexte troublé que Jean Hus apparaît.

Né dans une famille de paysans pauvres, Jean Hus étudie la théologie à l’université de Prague. Il devient recteur de l’université et chapelain de la Cour. Ses prédications en tchèque à la Chapelle de Bethléem à Prague connaissent audience et retentissement. Dès 1390, il commence à lire les écrits de l’anglais John Wyclif (1324-1384), condamnés comme hérétiques par le pape Grégoire XII, car ils mettaient déjà en cause les richesses de l’Église. Jean Hus ne cessera plus de les lire et de les commenter, cherchant avant tout à défendre la pureté du message de l’Évangile contre l’oppression sociale, la corruption et le pouvoir démesuré de l’Église. S’appuyant sur Wyclif, il considère la Bible comme l’autorité suprême grâce à laquelle il juge les erreurs romaines : le culte des saints, la transsubstantiation et bientôt les indulgences. Il est excommunié en 1410 mais peut rester à Prague grâce à l’appui du roi Venceslas IV.

Un trafic d’indulgences engagé en Bohême pour financer une guerre du pape de Pise contre le roi de Hongrie provoque la protestation énergique de Jean Hus. Il rompt avec le roi et doit quitter Prague pour se réfugier en Bohême du sud. En 1414, il se rend au Concile de Constance, réuni pour mettre fin au schisme d’occident. Il y défend ses positions et ses projets de réforme de l’Église. L’Empereur Sigismond Ier (1410-1437), lui a procuré à cet effet un sauf-conduit qui doit garantir sa sécurité. Mais, sur place, il est arrêté et emprisonné. Sommé de se rétracter, Hus refuse de céder. Condamné comme hérétique, il monte sur le bûcher à Constance le 6 juillet 1415.

Jan Hus au bûcher. Chronique illustrée de Diebold Schilling le Vieux, 1485.

Sources : Wikipédia et Musée virtuel du Protestantisme :

museeprotestant.org

Jan Hus apparaît comme le précurseur, avec un siècle d’avance, des grands réformateurs du XVIe siècle, de Luther en particulier qui préfacera la publication de ses œuvres en Allemagne. Les deux tiers des Tchèques se rallient à la réforme luthérienne en reconnaissant en 1575 une confession inspirée de la Confession d’Augsbourg.

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